Cet article a pour but de cristaliser des réflexions personnelles, et d'autres lues à travers la toile. Le sujet a déjà été abordé maintes fois, et le sera sans doute encore dans les prochaines années.

Revenons un moment en arrière, si vous le voulez bien. En 2005, pour être précis. La PSP vient de sortir, et la DS n'a qu'un an. Nombre d'observateurs prédisent la victoire finale de SONY face à NINTENDO, ce qui serait une première, tant la firme de Kyoto a dominé outrageusement le secteur des portables depuis le début des années 1990.

Au final, la PSP s'en est plutôt bien sorti en termes de ventes hardware (surtout au Japon), mais c'est bien la DS qui l'a emporté, avec son mélange réussi de jeux grand public et de jeux gamers (c'est, par exemple, la console du RPG à la japonaise de cette génération).

La morale de cette histoire ? Il est bien difficile de prédire qui va l'emporter, à plus forte raison dans le secteur des appareils de jeu mobiles, secteur qui est - nous allons le voir - en pleine mutation...

Ce n'est un secret pour personne, les jeux grand public prennent de plus en plus de place dans le paysage vidéoludique, tant en termes de production que de parts de marché. La réussite de la DS peut se mesurer à l'aune des succès de Nintendogs, Kawashima, &c. bien plus qu'à travers des titres comme Dragon Quest IX ou Zelda.

Ainsi, si l'on se fie à cette logique, la 3DS devrait sans peine l'emporter face à une NGP qui poursuit le modèle de la PSP (on en parle dans un autre article).

Evidemment, ce serait sans compter sur un troisième concurrent, en la personne des smartphones, avec comme figure de proue Apple et son iPhone.

Vous n'êtes peut-être pas sans savoir que le Mobile World Congress vient de se tenir à Barcelone, l'occasion pour les constructeurs tels que LG, Nokia, Samsung, &c. (mais pas Apple) de présenter leurs nouveaux modèles de smartphones et de tablettes (la grande mode de cette édition, suite au succès de l'iPad).

Si l'on observe les nouveautés présentées à cette occasion, et qui seront sur les étals d'ici quelques mois, deux choses  nous apparaissent :

- La 3D relief sans lunettes, dite auto-stéréoscopique, arrive sur les smartphones. LG vient d'annoncer l'Optimus 3D (déjà en pré-commande), et sera sans nul doute suivi par les autres constructeurs.

- La puissance des smartphones augmente de façon presqu'exponentielle chaque année, en témoignent les caractéristiques des produits présentés à Barcelone.

 

De fait, on sait que les smartphones et autres tablettes ont commencé (timidement) à empiéter sur les plates-bandes des consoles portables, DS en tête. La véritable différence, c'est que cela n'est arrivé qu'à la fin du cycle de vie des actuelles portables. La DS et la PSP ont eu 4-5 ans sans réelle concurrence. Ce ne sera pas le cas de leurs successeurs.

On peut en effet penser que la 3D relief sans lunettes sera un avantage concurrentiel notable pour la 3DS pendant 1 ou 2 ans, le temps qu'elle devienne une norme chez les constructeurs de smartphones. Et la NGP, si puissante soit-elle, sera dépassée dans les 2-3 ans (rappelons qu'elle n'est en principe prévue que pour la fin d'année).

Cela laisse peu de temps pour s'imposer, bien moins en tous cas que pour la DS et la PSP. Et le prix des jeux sur console (40€-60€) risque d'être un frein face aux apps à moins de 10€, si celles-ci proposent un niveau de qualité semblable dans l'ensemble...

Bien entendu, les gamers voudront toujours de vraies consoles, avec un stick, des boutons, une croix... et de vrais jeux, diront certains. Mais il n'aura échappé à personne que les gamers ne sont pas une cible de choix comparé au grand public. S'il est vrai que le grand public qui a acheté une Wii ne la ressort que rarement, et n'achète pas beaucoup de jeux à 60€, la donne est toute différente quand il s'agit d'un smartphone et d'apps à 5€...

 

Ainsi, il est possible qu'à moyen terme, Nintendo et Sony se retrouvent assaillis de toutes parts par la vague des smartphones sous iOS, Android et Windows Phone 7 (sans oublier WebOS d'HP). La guerre que se livreront ces plates-formes laissera sans doute un peu de temps aux deux firmes japonaises pour se préparer, et peut-être commencer une mutation vers le dématérialisé, au moins en partie. Leur salut passera également par les gamers, prêts à dépenser plus pour une expérience plus riche et complète, contrairement au grand public. Un juste retour des choses, et peut-être un retour tout court à une époque ou les jeux vidéo de ce type étaient encore un marché de niche... Honnêtement, serait-ce vraiment un mal ?